
Au début, ils portaient le nom de «GUS» (Groupements Urbains de Sécurité). Au fil des mois, ils devinrent : Croatia, Zerkaoui, Hlawa, Firak, Firaq El Mawt…Des appellations fruits de la créativité et du vécu quotidien des Marocains et Marocaines. Des appellations signifiantes et qui témoignent de l’évolution de la perception qu’ont eue les citoyens de cette police, de son comportement, de son rendement. Ainsi, Croatia fait référence à la tenue de cette nouvelle venue et surtout à la casquette que portaient ses éléments avec ses carreaux rouges et blanc qui rappelle le drapeau de la Croatie.Appellation sympathique sans connotation politique.Zerkaoui : la référence est là sans ambiguïté aucune.
Cette police est désormais assimilée à l’organisation d’Abou Moussab Zerkaoui, chef de la Qaïda en Irak et connu pour sa violence, ses atrocités. De police de proximité, elle est dorénavant perçue comme une organisation qui terrorise.
Lahdia : ce mot signifie en arabe offrande effectuée lors d’un mariage, d’un baptême, d’une fête de circoncision. Son contenu sémantique fait référence à l’argent. Ici, le mot est au sens péjoratif et devient synonyme de corruption, de racket.
Firaq El Mawt : équipes de la mort, commandos de la mort comme il en existait dans certains pays d’Amérique latine.Ainsi, à travers cette évolution dans les appellations que les Marocains ont données successivement à cette police, on découvre la dégradation de l’image et de la crédibilité de ce corps. Nous sommes loin, très loin de ce que doit être une véritable police de proximité et des buts que s’étaient peut-être fixés ceux qui l’ont créée. J’emploie «ceux» au lieu de parler uniquement de Laânigri dont le nom a été assimilé à cette police. Se limiter à cela reviendrait à occulter tous ceux qui ont approuvé, soutenu, à quelque niveau que ce soit, la création de cette police. C’est dégager la responsabilité du gouvernement, des ministres de l’Intérieur, de la Justice,et même du Cabinet royal. Pourtant, le concept était pertinent.Une telle police était devenue nécessaire, car répondant au besoin de sécuriser une population de plus en plus agressée et ce même en plein jour.Au début, la population n’a pas manqué de montrer sa satisfaction. Mais, hélas, la lune de miel ne durera pas longtemps. Ce fut, d’abord le divorce, séparation qui ne tardera pas à se transformer en rejet purement et simplement. Très vite, le comportement de cette police se mit à changer devenant de plus en plus arrogant, de plus en plus répressif, de plus en plus corrompu.La faute incombe-t-elle à ces jeunes qui constituaient le corps de cette police ?Répondre par l’affirmative, c’est, pour le moins, aller vite en besogne.Dés le départ, il y eut de nombreuses erreurs de commises : la précipitation dans la mise en œuvre du concept, un recrutement à la va-vite, sans examens psychologiques des candidats au préalable, formation accélérée et par conséquent bâclée, manque de coordination avec les autres composantes de la police. Pourtant, dès les premiers mois, la presse dite indépendante ne manqua pas de tirer la sonnette d’alarme. Cela durera des mois et des mois. En vain. Puis, en douze heures, on scella le destin des Gus .Personne ne se donna la peine de nous expliquer les pourquoi et les comment de cette mise à mort. Bien entendu, la DGSN se fendit d’un communiqué tarabiscoté pour ne pas dire «arabiscoté» rédigé dans une langue de bois digne des communiqués des anciens politburos communistes. D’autres sources ont avancé qu’il s’agissait d’une décision royale, le monarque ayant constaté de visu certains comportements indignes d’un tel corps. Au demeurant, nul ne prit soin de nous expliquer les vraies raisons de cette subite «disparition».Pourtant, ce sont les citoyens et citoyennes qui ont déboursé, tout au long de ces presque deux années, les salaires de ces fonctionnaires, qui ont payé leurs équipements, plus de 23 milliards de centimes… Des dépenses dont personne ne veut être comptable aujourd’hui.La veille de l’aïd, le procureur général de Marrakech s’est rendu auprès de la famille de Hassan Zoubaïri pour l’informer que le roi en personne suivait désormais le sort des victimes de l’affaire dite du «Palais de Marrakech». Ces deux interventions royales posent problème, car que fait le gouvernement, que font les ministres de l’Intérieur, de la Justice ?Pourquoi faut-il que ce soit lui qui s’occupe de ces affaires, essayant de remédier aux déficiences des appareils de l’Etat ?Force donc est de reconnaître que nous ne sommes pas dans un Etat de droit.Que nous sommes encore tributaires du «Fait du Prince». Pourtant, on aurait pu restructurer les GUS, y introduire les transformations nécessaires, revoir la formation des agents en insistant sur le respect des droits de la personne, attacher une plus grande attention à la situation de ces agents dont le salaire n’accédait pas… les 1600dh. Un salaire de misère.
Aujourd’hui, c’est au tour des B.I.M.O (Brigades d’Intervention et de Maintien d’Ordre) qui, selon certaines sources accompliraient des tâches similaires à celles des C.M.I tout en assurant la sécurité des rues et boulevards des villes où se déplacerait le souverain…. Là aussi, ce ne sera pas du gâteau ! En fait, savez-vous que Bimo est le nom de la societé leader au Maroc de la biscuiterie, de la pâtisserie industrielle, des gaufrettes…. Elle a été achetée à 50% par l’QNA pour environ 440 millions de Dhs. Prix que les analystes estiment démesuré…Toute confusion entre les deux BIMO serait le fruit de votre .. imagination.Khalid Jamaï Source : Le Journal Hebdo