DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Strict//EN" "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-strict.dtd"> Indépendance et Paix pour Le peuple Sahraoui: Le Maroc, une dictature militaire ?

Indépendance et Paix pour Le peuple Sahraoui

dimanche, novembre 26, 2006

Le Maroc, une dictature militaire ?





Jean-Pierre Tuquoi
e Maroc demeure un pays difficile à décrypter. Il séduit mais les tourments de sa longue histoire, le mélange des cultures pratiqué avec bonheur pendant des siècles, l'influence d'un Occident proche, font de sa compréhension intime une entreprise laborieuse.
Au moins les choses sont-elles plus claires sur le plan politique. Le Maroc est une monarchie dotée d'une Constitution qui fait du souverain le pilier du régime. Le roi, commandeur des croyants, choisit le premier ministre comme bon lui semble. La justice est rendue en son nom. Et il est le chef des armées. Difficile de cumuler davantage de pouvoirs !
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C'est cette façade officielle que Mahjoub Tobji, un officier à la retraite installé en France, s'emploie à démolir, dans un livre qui tient de l'essai et de l'autobiographie. L'ouvrage est interdit dans le royaume mais la presse locale s'en est fait l'écho. Et pour cause : c'est la première fois qu'un officier parle des Forces armées royales et du rôle de ses chefs dans les affaires du royaume. La thèse de M. Tobji est simple. Pour lui, depuis l'indépendance, le Maroc n'est pas dirigé par son roi. Les monarques détiennent les apparences du pouvoir mais pas sa réalité, qui a été accaparée par un galonné.
Le premier de ces centurions fut le général Oufkir, l'homme fort des années 1960, "suicidé" après avoir échoué à abattre l'avion d'Hassan II. Lui succéda dans le rôle de "parrain" du Maroc son disciple, le général Ahmed Dlimi, jusqu'à sa mort en 1983. Le troisième "connétable" est toujours vivant. Il s'agit du général Hosni Benslimane, le patron de la gendarmerie.
Le parcours de l'auteur justifie que l'on s'intéresse à son propos. Le commandant Tobji connaît l'armée marocaine. Il a combattu les Israéliens sur le plateau du Golan. Il s'est illustré au Sahara occidental avant d'être remarqué au début des années 1980 par le général Dlimi, qui en fit son aide de camp sans lui demander son avis, selon Mahjoub Tobji.
De ce poste d'observation sans équivalent l'officier a tout vu et tout noté, ce qui nous vaut, entre autres, un portrait fouillé de Dlimi, dépeint comme un homme intelligent et brutal, rusé et sans scrupule, amateur de femmes autant que d'alcools forts. Il méprisait le roi et, dans ce monde de courtisans obséquieux et tremblants de peur, il était le seul à afficher le peu de considération que lui inspirait le monarque. De là à faire du général le patron véritable du royaume comme l'aurait été Oufkir avant lui... Faute d'arguments solides, la thèse convainc d'autant moins que Dlimi tout comme son mentor Oufkir ont été exécutés sur ordre du Palais royal.
Le livre n'est pas plus concluant lorsqu'il fait du général Hosni Benslimane le patron véritable du Maroc de Mohammed VI. Certes, il paraît intouchable. Et il a pu refuser sans en pâtir de collaborer avec la commission royale chargée d'éclairer les années noires du règne d'Hassan II. Tout cela ne suffit pas à faire de la bête noire de l'auteur le démiurge du royaume.
En revanche, le livre de Mahjoub Tobji prend un tour passionnant et original lorsque l'auteur raconte sa guerre au Sahara occidental, dont il fut acteur autant que témoin. On y découvre une armée marocaine démotivée, manquant de tout et gangrenée par la corruption. Une observation donne la mesure de la déliquescence des forces armées royales : "Le Polisario a capturé plus de 2 300 hommes (alors que), de notre côté, nos prises se sont limitées à une petite vingtaine de combattants sahraouis."