le Maroc une monarchie bananière
À l’approche des élections législatives programmées pour 2007, l’État marocain fait n’importe quoi pour contrer le raz-de-marée des islamistes du PJD.
C’est triste à dire mais, à l’approche des législatives de 2007, le Maroc se la joue monarchie bananière. Alors que le pays entre laborieusement en campagne électorale, le régime verse dans l’autoritarisme et la manipulation crapuleuse. Paniqué, il a peur de ne plus arriver à endiguer le raz-de-marée des islamistes du PJD qui ne manquera pas de déferler en cas d’élections libres et transparentes. Son dernier exploit ? Alors que Sa Majesté vadrouillait cette semaine aux Etats-Unis, le gouvernement a suspendu le magazine Nichane, la version en arabe marocain de Tel Quel. Pour « atteinte à la religion islamique » et « publication et distribution d’écrits contraires à la morale et aux mœurs ». Et porté plainte contre son directeur de publication et une journaliste. Mais quel pêché ont-ils commis ? Publier un dossier intitulé « Blagues : comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique ». Des blagues que l’on entend à profusion au royaume et des blagues qui, oui, tournent en dérision ces délicats sujets. Ce qui fait dire à juste titre au directeur de Nichane, Driss Ksikes, que « c’est donc un procès de l’État contre la société ».
Bref, on l’aura compris, cette suspension pue la manœuvre anti-PJD : surtout ne rien lâcher aux barbus, ne leur offrir aucun prétexte pour donner de la voix comme ils s’apprêtaient à le faire au Parlement contre Nichane. Quitte à être plus islamistes que le PJD. Quitte à sacrifier un magazine dont la ligne éditoriale anti-bondieuseries arrangeait un pouvoir dépassé par le phénomène PJD. Quitte enfin à confirmer qu’au Maroc, la justice est aux ordres. Tous les records de rapidité sont en effet battus puisque le procès de Nichane débute le 8 janvier. Mais c’est vrai qu’une justice bananière est toujours « efficace » lorsqu’il s’agit de réprimer la presse.
Ce n’est pas le Journal Hebdomadaire qui dira le contraire. Condamné cette année à payer 3 millions de dirhams à un pitre baptisé Claude Moniquet (cf. les précédents numéros de Bakchich) après un procès délirant, la sentence n’avait pas été exécutée. Jusqu’à cette semaine. Les huissiers sont en effet venus tendre la main après que le Journal eut raconté, entre autres, les petites sauteries secrètes organisées par Fouad Ali El Himma, faiseur de majorité parlementaire bidon, avec des chefs de partis politiques pour monter une énième cabale contre le PJD. Là encore, on nage en pleine collusion entre le pouvoir politique et la justice. Le fait que l’avocat du pitre Moniquet n’ait rien trouvé d’autre pour défendre son client belge que de beugler en plein tribunal que le Journal est une publication anti-patriotique le prouve.
Les Marocains ne pourront hélas pas compter sur les simplets de la fédération des éditeurs de presse pour défendre la liberté d’expression et d’opinion au royaume. Plutôt que de prendre le risque de remplir leur devoir d’information, ils ont préféré se faire hara-kiri pour mieux servir les intérêts du pouvoir. En novembre, ils ont ainsi signé à leur grande majorité (incluant Tel Quel) une charte de pseudo-déontologie. Ce morceau d’anthologie prône le respect total de la monarchie, de sa gracieuse majesté et de la cause nationale du Sahara occidental…
Histoire d’achever de bien museler la presse pendant la période électorale —on se croirait en Algérie ! — le régime vient de priver les Marocains des plaisirs que procurent les sondages politiques. Dorénavant sont interdits tous les sondages « dont l’objet porte atteinte à la religion musulmane, à la forme monarchique de l’État, à l’unité nationale ou au respect dû à Sa Majesté le Roi ou aux princes et princesses royaux » ; « sont également interdits les sondages dont l’objet est manifestement contraire aux bonnes mœurs ou à l’ordre public ou dépourvu de tout intérêt légitime ». Par « dépourvu de tout intérêt légitime », comprenez bien sûr tout ce qui ne glorifie pas le pouvoir et la majorité parlementaire en place. Bref, une atteinte en règle à la liberté d’opinion et d’expression des Marocains. Bravo ! En même temps, si le Maroc était une démocratie, ça se saurait...
Ce n’est pas le Journal Hebdomadaire qui dira le contraire. Condamné cette année à payer 3 millions de dirhams à un pitre baptisé Claude Moniquet (cf. les précédents numéros de Bakchich) après un procès délirant, la sentence n’avait pas été exécutée. Jusqu’à cette semaine. Les huissiers sont en effet venus tendre la main après que le Journal eut raconté, entre autres, les petites sauteries secrètes organisées par Fouad Ali El Himma, faiseur de majorité parlementaire bidon, avec des chefs de partis politiques pour monter une énième cabale contre le PJD. Là encore, on nage en pleine collusion entre le pouvoir politique et la justice. Le fait que l’avocat du pitre Moniquet n’ait rien trouvé d’autre pour défendre son client belge que de beugler en plein tribunal que le Journal est une publication anti-patriotique le prouve.
Les Marocains ne pourront hélas pas compter sur les simplets de la fédération des éditeurs de presse pour défendre la liberté d’expression et d’opinion au royaume. Plutôt que de prendre le risque de remplir leur devoir d’information, ils ont préféré se faire hara-kiri pour mieux servir les intérêts du pouvoir. En novembre, ils ont ainsi signé à leur grande majorité (incluant Tel Quel) une charte de pseudo-déontologie. Ce morceau d’anthologie prône le respect total de la monarchie, de sa gracieuse majesté et de la cause nationale du Sahara occidental…
Histoire d’achever de bien museler la presse pendant la période électorale —on se croirait en Algérie ! — le régime vient de priver les Marocains des plaisirs que procurent les sondages politiques. Dorénavant sont interdits tous les sondages « dont l’objet porte atteinte à la religion musulmane, à la forme monarchique de l’État, à l’unité nationale ou au respect dû à Sa Majesté le Roi ou aux princes et princesses royaux » ; « sont également interdits les sondages dont l’objet est manifestement contraire aux bonnes mœurs ou à l’ordre public ou dépourvu de tout intérêt légitime ». Par « dépourvu de tout intérêt légitime », comprenez bien sûr tout ce qui ne glorifie pas le pouvoir et la majorité parlementaire en place. Bref, une atteinte en règle à la liberté d’opinion et d’expression des Marocains. Bravo ! En même temps, si le Maroc était une démocratie, ça se saurait...
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